Louise Wattinne

Louise Wattinne — 5 mars 2021

Interview de Florian Allard

Professeur de mathématiques au lycée Antoine de Saint-Exupéry et au lycée Jean Dautet à la Rochelle (17), Florian Allard partage régulièrement ses scripts Python avec la communauté NumWorks.

Passionné de programmation depuis son plus jeune âge, il enseigne le langage Python dans la joie et la bonne humeur.

Je remercie Florian Allard d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et partager sa passion !

Florian Allard

Vous avez beaucoup contribué à notre bibliothèque Python, d’où vous vient cette passion pour les langages de programmation ?

J’ai commencé à m’intéresser à la programmation lorsque j’étais encore à l’école primaire. En CM2, je ne faisais que recopier des scripts trouvés dans des manuels pour apprendre à programmer. Puis au collège, j’ai commencé à modifier quelques lignes et quelques paramètres pour essayer de comprendre comment cela était fait.

In fine, je me suis lancé et j’ai écrit mes propres scripts. Pour commencer, j’ai rédigé des scripts de calculs tels que des scripts pour déterminer si un nombre est premier ou pour trouver des diviseurs.

En 4ème, j’ai écrit mon premier script graphique. Il s’agit d’un script qui simule une marche aléatoire et qui dessine quelque chose qui ressemble à un grillage. En effet, un point se déplace et laisse une trace derrière lui. Si on laisse ce script se répéter longuement, il finit par dessiner une grille.

Comment avez-vous appris à programmer en Python ?

En 2018, lors de la réforme du programme de mathématiques et l’ajout de la programmation, j’ai commencé à m’intéresser à ce langage et à programmer en Python. Avec Python et surtout avec la calculatrice NumWorks, j’ai approfondi la programmation d’éléments graphiques.

En ce qui concerne ma formation, je me suis formé seul. En effet, j’ai appris avec un cahier d’algorithmes et de programmation qui est distribué à chaque nouvelle édition aux enseignants de mathématiques (Editions Hachette, Mathématiques Barbazo). Je me suis ensuite perfectionné avec le site repl.it. Ce site propose un ensemble de 115 missions qui traitent tous les objets Python. Aussi, je réalise régulièrement les PyDéfis sur callicode.fr.

Comment choisissez-vous le thème de vos scripts ?

Je m’inspire à la fois de jeux assez simples et dont je garde un bon souvenir et de ce que peut me proposer mon entourage. Généralement, je réponds aux suggestions de mes proches.

Par exemple, le prochain script que je vais proposer s’inspire d’une suggestion de ma compagne. Je vais essayer de reproduire le jeu de dés “orlog” (jeu de dés présent dans un jeu vidéo).

Qu’est-ce qui vous intéresse dans la création de scripts ?

Je prends la programmation comme un défi personnel. Ce défi me motive et finalement je suis ravi quand je réussis à faire fonctionner le script.

Dans le workshop, certains de mes scripts ont 10 versions différentes (versions finies mais aussi versions en cours d’écriture). Je les garde pour conserver une trace de mon travail et je les mets également en public pour rappeler et montrer qu’un script ne se conçoit pas et ne s’écrit pas en 15 minutes. Cela prend du temps. Je fais de nombreux tests, essais… C’est un jeu, un défi que j’aime me lancer !

Dans le langage Python, ce qui me plaît particulièrement, c’est que c’est un langage logique, simple et explicite. La programmation se fait en anglais, mais les mots employés sont simples. Paradoxalement, je trouve que ce langage est accessible à tous avec la possibilité de pousser la programmation assez loin.

Vous enseignez la programmation Python aux lycéens, quelle est leur réaction lorsque vous leur parlez de scripts Python ?

Le langage Python est un langage qui a le bon goût de ne pas multiplier les mots, les signes de ponctuation ou les accolades. Par exemple, pour fermer une boucle “for”, “while” ou encore une condition “if”, il n’y a pas besoin de mots. Une indentation suffit à les fermer. Je pense que c’est un excellent point pour les lycéens.

Lorsqu’on leur parle de scripts Python, le mot “script” ne doit pas vraiment les rassurer. J’évite ce mot lorsque j’introduis la programmation Python. Je pense qu’il est préférable de proposer un exemple parlant pour introduire le langage Python. Cela permet aux lycéens de se rendre compte que finalement c’est un langage abordable. Je pense que quelqu’un qui parle bien anglais peut comprendre une partie de la logique qui se cache derrière les mots.

Comment enseignez-vous Python à vos élèves ?

Pour enseigner Python à mes élèves, j’ai repris les pages du cahier d’activités qui m’a permis d’apprendre à programmer seul. Je me dis que si cela m’a plu et que j’ai réussi à me former seul, c’est que c’est un cahier bien présenté et abordable.

Les activités sont regroupées en 9 thèmes ce qui me permet de présenter chacune des notions les unes après les autres. Les scripts sont très courts (scripts de 1 à 5 lignes). Pour les élèves, cela paraît moins complexe et effrayant.

Comment faire aimer Python aux élèves qui se sentent débordés par la programmation ?

Il y a toujours des élèves qui me diront qu’ils ne pensent pas que cela est fait pour eux car ils pensent ne pas être suffisamment logiques pour réussir. Dans ce cas, je ne peux évidemment pas faire de miracle.

Toutefois, je pense que tourner l’enseignement vers le jeu peut résoudre certains blocages. Par exemple pour travailler la condition “if”, il est assez facile de simuler un jeu de pierre-feuille-ciseau.

Pour finir, avez-vous une anecdote à nous raconter sur votre métier de professeur de mathématiques ?

Un jour, pour le dernier contrôle de l’année, un élève qui d’habitude ne racontait pas grand chose dans ses copies a eu une idée très surprenante. Pour éviter de rendre copie blanche, il a décidé de me détailler sa recette des pâtes au beurre. Mais il avait omis de préciser une étape importante : vider l’eau des pâtes avant de mettre le beurre ! Comme quoi, il est important d’apprendre la logique aux élèves !

Louise Wattinne
Louise Wattinne — Responsable des opérations France

Louise a rejoint l'équipe NumWorks en juillet 2018 et elle a d'abord chouchouté les professeurs de notre communauté pendant 4 ans. Maintenant, Louise assure le bon développement de notre activité en France, quand elle ne participe pas à un triathlon ou qu'elle ne coud pas sa future robe